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Le 30/03/2021

Restauration hydromorphologique de l'Espace Borne Pont de Bellecombe

L’Espace Borne Pont de Bellecombe présente des intérêts majeurs en termes de biodiversité, de champs d’expansion des crues et d’Espace de bon Fonctionnement, c’est également le dernier grand espace peu urbanisé de la vallée de l’Arve. En tant que gestionnaire des cours d’eau du bassin versant, le SM3A souhaite redonner de l’espace à l’Arve pour qu’elle retrouve une dynamique naturelle.

CONTEXTE

L’Arve est une rivière torrentielle qui a été fortement impactée par les activités anthropiques au cours du XXème siècle. Les endiguements, les protections de berge, les extractions massives dans le lit pour la construction de l’autoroute et l’urbanisation, les remblaiements dans le lit, et l’aménagement de barrages hydroélectriques, ont fortement dégradé le fonctionnement morphologique et la qualité physique du cours d’eau. L’Espace Borne Pont de Bellecombe est le dernier espace « fonctionnel » d’envergure de l’Arve, sur un linéaire d’environ 10 km et une superficie de 350 ha. Il se situe dans un secteur de large plaine alluviale, dans lequel l’anthropisation de l’Arve induite par le développement de l’urbanisation est moins forte, bien que de nombreuses gravières y aient été créées.

Ses caractéristiques hydromorphologiques et écologiques, et le fait qu’il existe en son sein un espace dédié à des milieux naturels (classé zone Natura 2000) font de cette zone, un secteur à « fort potentiel de restauration », déjà identifié comme tel dès 1995, dans le contrat de rivière Arve initial.

La zone a donc fait l’objet d’une politique volontariste des élus du syndicat en matière de maitrise foncière puisque le SM3A a acquis 270 ha ces 10 dernières années. Partant des constats établis au cours des deux dernières décennies sur cet espace et des orientations du SAGE de l’Arve, le SM3A a établi une stratégie opérationnelle de restauration pour 30 ans de cet espace et s’est fixé, une première phase de 6 années, pour restaurer hydromorphologiquement l’Arve au droit de l’Espace Borne Pont de Bellecombe, avec un double objectif de protection contre les inondations et de restauration des milieux aquatiques.

POURQUOI RESTAURER ?

On observe qu’en deçà de 80m de largeur active, l’Arve ne présente plus les habitats typiques des lits en tresse. Conséquences de ces pertes de largeur, la Petite massette (espèce végétale emblématique de nos rivières) a, par exemple, perdu 85% des linéaires anciennement colonisés de cours d’eau dans les Alpes, passant de plus de 3000 km au XIXème siècle à 480 km (sur la période 1995-2010). Le Criquet des torrents a totalement disparu de l’Arve (dernière observation : 1970).

D’autre part, la présence de nombreuses décharges dans les gravières d’extraction de granulat et ballastières sur cette zone amènent des enjeux de gestion assez forts.

OBJECTIFS DES TRAVAUX

La première phase de travaux, qui vient de se terminer, concerne le secteur « Arve Médian » qui se situe entre le secteur des Iles de la Barque et le secteur de Chenevières à cheval sur les communes d'Arenthon et de Bonneville. C’est ici que la dynamique latérale de l’Arve est la plus importante, ce qui présente un fort intérêt écologique. En effet, la majorité des habitats pionniers (rivières alpines avec végétation ripicole herbacée / Saulaies pionnières à Myricaire d'Allemagne des torrents alpins) sont présents dans ce tronçon, et la dynamique latérale dans cette zone permet l’entretien d’une bonne diversité d’habitats, par le biais d’un renouvellement progressif des formes fluviales. Si l’impact morphologique en cas de capture des ballastières reste faible, le risque de pollution lié aux décharges est quant à lui bien plus important.

Sur ce tronçon, il s’agit de déchets caractérisés comme non dangereux datant des années 80, essentiellement des résidus plastiques issus de procédés industriels ainsi que des pneus et des résidus d’ordures ménagères brûlées. Le SM3A avait d’ailleurs réalisé dès 2016, une protection provisoire destinée à limiter l’action érosive des écoulements qui avait été amorcée suite à la crue de 2015.

Aujourd’hui, le syndicat vient de retirer cette décharge et va creuser un chenal qui permettra de reconnecter les différents espaces aquatiques entre eux (étangs) et ainsi les restituer progressivement à l’Arve.

Pour le SM3A, il s’agit d’aborder de manière conjointe la protection des milieux et la prévention des inondations, plaçant ces travaux dans le cadre de la compétence GEMAPI – GEstion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations – qu’il exerce pour le compte de ses membres.

L’emprise de la décharge se situant sur le « Domaine Public Fluvial », c’est l’Etat qui est propriétaire du foncier, le SM3A est pour cette partie des travaux conventionné pour mener à bien le retrait de ce massif de déchet.

LES INVASIVES, UNE DIFFICULTÉ SUPPLÉMENTAIRE

En perturbant la stabilité écologique de la zone de travaux, les activités de travaux publics sont un facteur aggravant dans la propagation des espèces invasives. En effet, la mise à nu des terrains, le mouvement des engins ou encore l’usage de terres contaminées par les plantes favorise la dissémination des espèces.
Le SM3A a donc procédé à l’inventaire des espèces exotiques présentent sur le site et mit en place des mesures de préventions et de gestion adéquates pour les 6 invasives recensées à savoir : Buddléia de David, Renouée du Japon, Robinier faux-acacia, Solidage gérant et Vergerette du Canada.

DURÉE ET FINANCEMENT DES TRAVAUX

Le projet global de restauration de l’Espace Borne Pont de Bellecombe comprend de nombreuses actions, sur un linéaire de plus de 10km qui seront réalisées sur une période de plusieurs années.

C’est donc la 1ère tranche d’un ambitieux projet qui va s’est déroulée en janvier et février 2021.

Le montant de l’investissement a été largement financé par l’Etat (une partie des travaux s’effectuant sur le domaine public fluvial), le Département (dans le cadre du contrat de territoire ENS alluvial) et l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse (dans le cadre du contrat Global de l’Arve). Le reste à charge est solidairement supporté par tous les habitants du bassin versant de l’Arve grâce à la taxe GEMAPI dont le produit est entièrement destiné à financer la protection des milieux et la prévention des inondations sur le bassin versant de l’Arve.